Le livre que j'ai lu....
Dans le dernier hôtel de Bali à Nusa Dua....
Comme j'ai beaucoup aimé, je vous le propose aujourd'hui.

« Les gens », Philippe Labro n’eut put trouver de titre plus original pour son roman qui se révèle captivant, et marrant.
Maria est une jeune polonaise qui a fuit sa maison adoptive où elle était bien mal traitée pour tenter de trouver du travail par elle-même. Son extraordinaire beauté est son péché originel, elle lui vaut, pour avoir troublé l’ordre de la communauté des ouvriers agricoles, d’être, durant les vendanges, jetée d’un camion, comme un « paquet de rien. Un colis de néant. Une merde humaine ».
De l’autre côté de l’Atlantique, une élégante française, Caroline a, elle aussi, été littéralement « jetée » de chez elle. Pour son amant elle avait tout quitté.
Et voilà que ce dernier lui annonce le retour de son ex-femme…
Comme si de rien n’était, comme si ces mois d’amour, de coopération professionnelle (les deux étaient d’abord collègues) n’avaient nullement comptés.
Quand à Marcus, Marcus, animateur français le plus célèbre de l’Hexagone grâce à son émission VQALG, « Vous qui aimez la gloire », il n’est absolument pas dans le fossé, mais plutôt sur un promontoire, dans une tour d’ivoire.
Avec pour seule idée en tête l’audimat, devant une célébrité à l’agonie, Marcus préférera la caméra au massage cardiaque…
Quel lien peut-il y a voir entre une jeune fille jetée d’un camion sur une route américaine, une femme active en plein chagrin d’amour et un sulfureux animateur télé à l’égo surdimensionné, Marcus Marcus ? Apparemment aucun…Si ce n’est que, peut-être, pour chacun des trois, comme le dit le philosophe chinois Mo-tzu, tout a commencé par le « manque d’amour ». Plus qu’un traité de psychologie, Philippe Labro livre, à travers ces trois histoires entremêlées, une virulente critique des médias.
Et plus largement, de la société contemporaine (ni plus ni moins mais après tout pourquoi pas, son roman s’appelle bien Les Gens…!), une société dans laquelle les discussions mondaines sont menées par les buzzeurs professionnels, qui avec leurs blogs (aux noms aussi poétiques que jevaistoutdire.com), « ont une journée d’avance sur toutes les officines de ragots, rumeurs et potins, scoops bidons et désinformation organisée »…
Le moindre début de calvitie d’un quelconque pro de la télé est relayé, grossit, enflé sur ces sites qui, finalement, « ne modifient en rien la vie des gens ».
Comme tout converge sur les blogs, les trois histoires du roman vont toutes se retrouver autour des médias, microcosme parmi les microcosmes, grande chape de plomb que ”les gens” craignent ou absorbent selon qu’ils ne sont que “des gens” justement, ou, au contraire, des personnes influentes.
Mais paradoxalement, ce typhon médiatique, qui a par ses propres évolutions(introduction de la télé, des blogs) « révolutionné les moeurs », « accéléré les évènements rééls », fait advenir « l’âge de l’instantanéisme, de l’immédiateté universelle », ne change jamais rien. Philippe Labro noie son sérieux propos dans son humour, manie l’hyperbole et la généralisation à outrance, se moquant de ce qu’il raconte pour mieux convaincre son lecteur…