Déja deux ans....

Publié le par Claire de Sars


Le mardi 07 novembre 2006.


"Je suis partie la matin , comme d'habitude, au travail.
Rien de particulier, il faisait beau, voire chaud, ce jour là pour la saison.
Amélie était à Laon.
Paul à Hardelot.
Vraiment rien de spécial.
La matinée au bureau, très calme.
Pas de souci.

A midi, le téléphone sonne.
C'était Michel, avec une voix bizarre et qui ne me reconnait pas,  ma voix, non plus.
Et du téléphone de la maison.
Et qui me disait de rentrer.

J'ai pensé à une blague.
Mais sa voix était trop bizarre.

Je rappelle à la maison et je tombe sur un homme que je ne connaissais pas.
Qui me dit qu'un ami vient de me téléphoner et qu'il m'a dit de revenir.
Et qu'il fallait que je le fasse.

Je retourne à la maison.
Avec pleins de questions et d'inquiètudes au ventre, dans le coeur, partout.

Qu'est-il arrivé ?
Si c'est à un môme, ce serait Alain qui m'aurait téléphoné.
Donc, c'est à lui à qui il est arrivé quelque chose.
Mais quoi ?

Sur l'autoroute, vers 12H15, une crise d'angoisse très, très forte m'a pris.
Obligée de ralentir, pas plus de 80 kms/heure.
Pouvait pas.
Et cette chanson de Bob Marley à la radio, je ne sais plus laquelle, un air connu.
Depuis, je ne peux plus écouter Bob Marley.

J'arrive à la maison.
Pompiers et SAMU devant.
Et Michel qui m'attendait dehors.

J'ouvre la porte de la maison.
Le toubib du SAMU qui me fait asseoir et qui m'explique.
Qu'Alain a été faire du vélo.
Qu'au retour, il ne s'est pas bien senti.
Qu'il les a appelé.
Et qu'ils l'ont trouvé sur le canapé inanimé.
Massage cardiaque, défribillateur, etc.
Qu'ils ont tout essayé.
En vain.
Et qu'à 12H15, ils ont arrêté d'essayer.

C'était fini.

Je n'ai même pas eu la force de pleurer, de réagir d'une manière ou d'une autre.
Je devenais légume, guimauve, un zombie.

Tout ce que je savais, c'était que je ne voulais pas voir de médecin pour moi.
Ils voulaient tous que j'aille en voir un.
Je ne voulais pas, je ne voulais pas prendre d'anti-depresseurs ou d'équivalent.

Je n'avais qu'une idée : prevenir les enfants.
Mais comment leur dire ?
De quelle manière ?
Un autre moment horrible.

Nico revient à la maison.
Je me souviendrais toujours de son silence, de son visage plein de douleur.

Michel me dit qu'il faut aussi faire venir les Pompes Funèbres.
Oui, il a raison.
Mais qui ?
Il m'en conseille un.
Qui vient rapidement.
Et qui revient avec son équipe pour emmener le corps au funérarium.

Thérèse arrive.
Michel repart avec Nico chercher Paul à Hardelot.

Plus tard, je remmène Thèrèse chez elle.
Envie d'être seule.

Vers 17 heures, Roselyne téléphone.
Elle avait vu le SAMU devant la maison à midi.

A la nouvelle, elle arrive aussitôt et previent Loulou qui revient du travail illico pour venir me voir.
Elle reste avec moi jusqu'à ce que j'aille chercher Amélie à la gare.

A mon retour, les garçons sont revenus et ont été voir leur père au funérarium.
Visage de douleur de Paul.
Crises de larmes de colère d'Amélie.
Nous avons beaucoup discuté de ce qu'il fallait faire et ne pas faire.
De ce que nous voulions tous les quatre.

Je n'avais plus faim, plus soif, plus envie de dormir.
Mais très froid.
Perdu 3 kg en trois jours.
Un zombie.

Le lundi d'après, ma soeur Martine était restée avec moi.
Et nous discutions de chose pratique.
Et dans ma tête, je montais une "usine à gaz", alors qu'il y avait plus simple.
J'étais incapable de réfléchir.
Et là, je ne sais pas si c'est l'instinct maternel ou de conservation, je sais pas.
Mais je me suis dit qu'il fallait que je réagisse.
Que je ne pouvais pas continuer comme ça, que je ne pouvais pas infliger en plus à mes enfants une autre douleur.

Et voilà, comment une histoire peut se terminer."
(Copié/collé de mon article de l'année dernière)
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M
Je ne connaissais pas ton histoire, bein que je me doutais, je suis moi aussi admirative de la façon dont tu as su continuer, tu as toujours de l'humour et une grande sensibilité envers les autres, ce n'est pas facile de réussir à se reconstruire et d'être malgré tout tournée encore vers les autres !!<br /> Bisous
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S
non c'est aps encore mon anniversaire...c'est samedi prochain..<br /> bisoussssssssss
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A
j'ai ben penser à toi hier...le souvenir reste mais la vie continue sans oublier...
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P
beaucoup de courage des dates que l on ne peut pas oublier !!!! bizzzzzzz
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G
je me souviens avoir pleuré lorsque j'ai lu ton histoire..ce drame l'année derniére..car avant je connaissais pas ton passé..maintenant que je suis sur ta route depuis 1 an..je vois le chemin parcouru..l'avenir qui te sourit..j'admire la force que tu as de te relever..de reconstruire..de TE reconstruire...pour toi..pour tes enfants...il faut donc regarder devant...comme tu le fais!Je t'embrasse! Gwendo
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